La Côte d'Ivoire : L’eldorado des cybercriminels africainsArticle publié le 30 juin 2011 sur le blog de Suy Kahofy, un blogueur du réseau Mondoblog de RFI (http://bit.ly/itBa3T).Accoudés du matin au soir sur les ordinateurs dans les cybercafés, le téléphone cellulaire à portée de main, les escrocs du web ont malheureusement fait de la Côte d’Ivoire le premier eldorado africain de la cybercriminalité. En effet 62,2 % des bandits numériques que compte l’Afrique agissent à partir de la Côte d’Ivoire.
Voici une dizaine d’années que les brouteurs comme on les appelle communément plument les faibles d’esprit et ruinent des hommes d’affaire à travers le monde. Leur mode opératoire tourne autour des fausses ventes en ligne, des arnaques savamment montées autour de prétendus héritages, de tchat amoureux, de gains imaginaires à des loteries de grosses entreprises comme Microsoft, Coca-cola, Pepsi ou Guinness.
Les arnaques sont tellement bien montées avec des gains si alléchants et des preuves si bien conçues qu’il est souvent difficile de ne pas céder. Si à l’origine on présentait les jeunes Ibos du Nigéria comme les maîtres à penser de ces réseaux criminels, aujourd’hui ce sont les Ivoiriens qui sont devenus les as du clavier.
Ainsi selon un rapport du CI-CERT (Côte d’Ivoire Computer Emergency Response Team) sur 1500 cas de plaintes ou dénonciations de cyber escrocs, il ressort que sur les 116 personnes officiellement interpellées, 77 ont été condamnées dont 46 Ivoiriens (63,64%), 25 nigérians (32,46%) et 1,29% d’autres nationalités notamment béninoise, camerounaise et togolaise.
Malgré les efforts de la police judiciaire, la police scientifique et l’ATCI (Agence des Télécommunication de Côte d’Ivoire) les cybercriminels opérant depuis la Côte d’Ivoire continuent de narguer les autorités. Si au niveau des cybercafés les moyens techniques peuvent permettre de remonter aux brouteurs via les adresses IP, c’est surtout les banques et les entreprises de transfert d’argent qui posent problème.
Bénéficiant de complicités à l’intérieur des agences les escrocs peuvent encaisser le fruit de leur vol sans carte d’identité puisse qu’opérant sous des faux noms ! Les autorités Ivoiriennes espèrent convaincre ces banques et ces entreprises de durcir les contrôles et dénoncer les brouteurs. Ficelés et inquiétés en amont et en aval, les cyberescrocs ne pourront plus opérer impunément !
Au-delà des banques et entreprises de transfert d’argent, c’est également le milieu de la répression qu’il faudra assainir. De nombreux brouteurs nous ont confié qu’ils ne sont pas inquiétés dans leurs activités dans la mesure où ils ont leurs ‘’vieux pères’’ à la PJ. Cette protection des hommes en arme moyennant de l’argent est aussi un véritable problème pour débusquer les cybercriminels.
La tâche est rude pour les autorités ivoiriennes mais le combat n’est pas perdu. La Côte d’Ivoire veut être une destination fiable pour les investisseurs et elle entend se donner les moyens d’assainir le milieu de l’Internet.
Suy KahofyEt vous, qu'en pensez-vous ? Exprimez-vous !