Afrique de l'Ouest : Revue des prochaines présidentiellesArticle tiré du blog du chroniqueur et journaliste béninois Jérôme CARLOS (Edition du 06 septembre 2010).Elles passent comme une lettre à la poste dans les vielles démocraties. Les élections, car c’est d’elles qu’il s’agit, sont parfaitement intégrées à leur système politique. C’est un rite auquel sacrifient les populations de ces démocraties sans prendre le risque de tenter le diable, d’esquisser des pas de danse au bord du précipice. Ce n’est pas le cas de nos pays où chaque élection est vécue comme une épreuve, un accouchement à haut risque, gros de menace pour le présent et pour l’avenir.
Limitons-nous à l’espace sous-régionale ouest africaine. Arrêtons-nous aux neuf pays qui se préparent à aller aux urnes. L’incertitude est déjà au rendez-vous. Le ciel politique se charge de noirs nuages. Pourquoi cette montée des périls à chaque élection dans nos pays ?
La
Guinée Conakry est proche du but. Le deuxième tour de la présidentielle dotera le pays d’un régime démocratique, pluraliste et libéral, avec les suffrages des populations appelées à arbitrer un duel qui promet. La Guinée, sous la férule des régimes autocratiques successifs, n’a rien connu de pareil en cinquante-deux ans d’indépendance. La liberté retrouvée ne peut avoir sur les esprits que les effets grisants et enivrants d’un alcool fort. D’où le cafouillage du premier tour, dans un pays où l’on parle, pour la première fois, de fichier électoral, de liste électorale, de Commission nationale indépendante… Mais attention, l’alcool tue !
Au
Niger, les militaires, fatigués de voir le pays dériver au fil des frasques autocratiques du Président Tandja, sont sortis de leurs casernes. Il fallait mettre de l’ordre dans la maison. Il fallait redéfinir les règles du jeu. Une nouvelle constitution est à l’étude. La lettre des textes, c’est bien, mais l’esprit des textes, c’est mieux. Attention, on peut changer les textes sans rien changer, tant que les hommes n’auront pas changé. Dans leur tête. Dans leurs manières d’être et de se comporter.
Au
Nigeria, l’année 2012 s’annonce cruciale. On choisira un nouveau Président dans un contexte rendu fort complexe par le décès en fonction du Président Yara Dua. Ce décès a complètement bousculé un mode consensuel non écrit de désignation du chef, par l’alternance au sommet de l’Etat des représentants des diverses communautés ethniques du pays. L’actuel Président, Jonathan Goodluck, originaire du sud, achève le mandat d’un Président originaire du nord. Attention, quand le pouvoir s’étire et se déchire aux quatre points cardinaux d’un pays, cela ne présage rien de bon.
Au
Burkina Faso, le Président Blaise Compaoré, devenu le recours, le médiateur attitré dans tous les conflits qui déchirent la sous région, n’est pas un exemple de démocrate à l’intérieur des frontières de son propre pays. Après plus de vingt ans de règne sans partage, le voici, pour une fois encore, candidat à sa propre succession. Attention, tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se casse.
Au
Sénégal, le Président Abdoulaye Wade, va boucler son deuxième mandat à la tête du pays. La loi veut qu’il ne se présente plus. La nature aussi. En effet, à échéance, le Président aura soufflé ses 85 berges. Attention, le Sénégal est resté jusque là le premier de classe, l’exemple démocratique. Que le chat vienne à déserter la maison, les souris ne se feront pas prier pour s’octroyer le droit d’animer le bal.
La
Côte d’Ivoire, se distingue, depuis cinq ans, comme un pays qui ne cesse de fixer, pour les reporter, les dates de ses élections. Attention, à écouter la même chanson, on finit par ne plus l’entendre. Les Anglais, avec cette prudence qui les caractérise, diront Wait and see. Alors, attendons pour voir, car, comme le dit la chanson, qui vivra verra.
Au
Liberia, tout se serait passé sans vague pour la Présidente Helen Johnson Sirleaf si, ces jours derniers, un ancien footballeur, déjà présent au second tour il y a quatre ans, ne s’était pas invité dans le cercle de la danse. Oui, George Weah est de retour. Il fut un attaquant rapide et percutant qui savait tirer au but. Attention, George Weah a encore de beaux restes. Et voici qu’il jure, la main sur le cœur, que pour rien au monde, il ne sera en reste.
Au
Mali, le Président Ahmadou Toumani Touré (ATT), en bon démocrate s’en va, au terme de ses deux mandats à la tête de l’Etat. Cela n’a pas rasséréné pour autant le ciel malien. La nature ayant horreur du vide, les candidats se bousculent déjà au portillon. Attention, trop de viande, n’est pas forcément une garantie de qualité pour la sauce.
Et le
Bénin ? Encore un semestre et les bureaux de vote accueilleront à bord des passagers votants. Mais pour quelle destination ? Autant ne rien dire pour mieux se concentrer sur la seule et unique chose que nous savons sûre et certaine : Dieu est grand !
Et vous, qu'en pensez-vous ? Exprimez-vous !Permalien :
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