Cinquantenaire des indépendances : Paris et Washington, la leçon d’histoireArticle tiré du blog du chroniqueur et analyste politique Jérôme CARLOS, publié le 06 août 2010A chacun ses symboles.Le cinquantenaire des indépendances africaines a donné lieu à une multitude d’initiatives, en Afrique et hors d’Afrique. C’est dire que l’événement n’est pas banal, même en s’en tenant à sa seule dimension temporelle.
Cinquante ans dans la vie d’un peuple, ce n’est pas rien. C’est cinq décennies à construire une nation à partir de l’Etat hérité du colonisateur.
C’est un demi siècle de marche, sans trêve ni repos, ponctué de hauts et de bas, sous le soleil des indépendances.
Des initiatives prises, ici et là, pour marquer l’événement, deux retiennent notre attention.
Leur portée symbolique a valeur de leçon. Nous les présentons, l’une et l’autre, sans autre précaution que de faire court, en les simplifiant sans en trahir l’esprit.
Nous les mettons l’une en regard de l’autre. Persuadé que nous sommes, avec Ralph Emerson que (Citation) : « Ce qui est derrière nous et ce qui est devant nous sont peu de choses comparativement à ce qui est en nous ». (Fin de citation).
La
première initiative met en scène la
France et dix-huit de ses anciennes colonies.
Pour marquer le cinquantenaire de l’accession à la souveraineté nationale et internationale de ces dernières, la France leur a fait prendre rendez-vous à Paris, sur les Champs Elysée, à l’occasion de sa fête nationale.
Comme si l’on cherchait à établir un lien entre le souvenir de la prise de la Bastille par les Français et le vœu des populations africaines d’une plus grande emprise sur leur destin.
Fraternité d’armes entre les militaires français et des éléments des Armées africaines qui défilèrent ensemble.
Accolades et embrassades entre le Chef de l’Etat français et ses hôtes africains ; dîners de gala, audiences et apartés sous les lambris dorés des suites présidentielles ; échanges de cadeaux et programmes spéciaux concoctés à l’intention des Premières Dames africaines.
La
seconde initiative met en avant les
Etats-Unis de Barak Obama et l’Afrique représentée par
cent vingt (120) jeunes leaders de la société civile.
Ces derniers ont été reçus le mardi 3 août dernier à la Maison Blanche par le Président américain.
Barak Obama entendait ainsi, à sa manière, marquer son intérêt pour l’Afrique, sa solidarité avec l’Afrique à l’occasion du cinquantenaire de ses indépendances.
De jeunes africains, encore des sans grades dans chacun de leurs pays en face du Président le plus puissant du monde.
Des adolescents, la plupart voyageant la toute première fois loin du pays qui les a vu naître, hôtes de la première puissance économique, financière et militaire de la terre.
Il est ressorti de l’échange entre le leader américain et les jeunes leaders africains, un gros plan sur l’Afrique.
A tenir pour un continent riche de ses ressources humaines et naturelles.
A regarder comme un continent toujours hanté par ses démons familiers, mais qui ne projette pas moins l’image rassurante d’un continent d’avenir.
Et Obama d’appeler l’Afrique à la grandeur, l’invitant à tourner le dos au tripatouillage des textes constitutionnels, à la mascarade des élections jouées à l’avance, au piratage des voix porteuses de vérités et d’espérance.
Que dire de ces deux images, l’une prise à Paris, dans la capitale française, l’autre prise à Washington, dans la capitale fédérale des Etats-Unis ?
A Paris, priorité à l’officiel, au jet-set du pouvoir politique.
La fête du cinquantenaire des indépendances africaines a ainsi choisi, loin des bidonvilles de Poto-Poto, de déployer ses fastes et de dérouler le tapis rouge tout au sommet de la pyramide.
A Washington, on a fait le choix d’une simple réunion de travail ou de famille.
Cette réunion a placé un Président qui a réalisé l’exploit historique d’être le premier Noir à la Maison Blanche face à la génération de jeunes leaders africains qui portent le rêve d’être la génération de la renaissance africaine.
A Paris, ont résonné les hymnes nationaux, ont hurlé les sirènes des motos et autos de sécurité, au milieu d’une nuée de gardes de corps et d’agents du protocole d’Etat.
A Washington, on a choisi la décontraction de l’échange confiant, loin de tout protocole, entre un président jeune, la goutte de sang noir dans ses veines le portant à se sentir proche de jeunes frères et sœurs africains.
A Paris, on s’est évertué à revisiter le passé. Et l’annonce faite aux quelques rares anciens combattants africains encore vivants d’aligner leur pension sur ceux de leurs frères d’armes français, se veut une manière plutôt tardive de réparer les blessures et les injustices passées.
A Washington, nous avons appris ce qui vaut pour nous une leçon de vie, à savoir que l’histoire, c’est le passé écrit au présent, pour éclairer les chemins de l’avenir.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Exprimez-vous !Permalien :
http://bit.ly/clmY8T